Les surveillances télécoms explosent en Suisse : +100 % en un an, avec patrimoine et atteintes à la vie en ligne de mire.
En 2024, la Suisse a vu doubler ses mesures de surveillance, principalement en raison d’une hausse marquée des recherches par champ d’antennes et des surveillances en temps réel.
Saviez-vous qu’en 2024, les autorités suisses ont ordonné plus de deux fois plus de mesures de surveillance qu’en 2023 ? Cette évolution interpelle autant les spécialistes en cybersécurité que le grand public.
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Une hausse significative des surveillances
Selon les chiffres officiels, le nombre de surveillances en temps réel a atteint 1818 en 2024, soit environ 45 % de plus qu’en 2023 (1244 mesures). Ces surveillances consistent en la transmission immédiate ou périodique des données de correspondance, telles que des écoutes téléphoniques ou la consultation de courriels.
Le nombre de renseignements complexes délivrés, comme les copies de pièces d’identité ou données contractuelles, s’élève à 32’225 en 2024, en hausse de près de 55 % par rapport à l’année précédente. Les renseignements simples, tels que les inscriptions dans les annuaires téléphoniques ou les adresses IP, ont atteint un total de 495’119 demandes traitées, contre 419’192 en 2023.
Les surveillances rétroactives, permettant d’analyser les interactions passées jusqu’à six mois auparavant, ont également augmenté d’environ 24 %, totalisant 6149 mesures contre 4957 en 2023. Les recherches par champ d’antennes ont doublé en nombre par rapport à 2023, atteignant un total de 44 mesures en 2024. Il est important de noter que ces recherches concernent la surveillance rétroactive de toutes les communications et tentatives de communication effectuées via des cellules téléphoniques spécifiques durant une période déterminée.
Infractions patrimoniales et atteintes à la vie en hausse
Cette hausse des surveillances est particulièrement marquée par les mesures ordonnées pour élucider des infractions contre le patrimoine, représentant 43 % du total en 2024, avec un nombre de mesures plus de trois fois supérieur à celui de 2023. Les infractions contre la vie et l’intégrité corporelle, représentant 19 % des mesures, ont quant à elles légèrement plus que doublé.
Les infractions graves à la loi sur les stupéfiants représentent environ 10 % des mesures de surveillance ordonnées en 2024, en hausse de plus de 15 % par rapport à l’année précédente.
Usage accru de GovWare et IMSI-catchers
En 2024, les autorités suisses ont utilisé 12 fois des GovWare (logiciels espions gouvernementaux), principalement pour des infractions graves liées aux stupéfiants, contre 9 utilisations en 2023.
Les IMSI-catchers, dispositifs techniques spéciaux permettant d’intercepter les communications mobiles, ont été employés à 171 reprises, majoritairement pour des recherches urgentes de personnes disparues (67 cas) et des infractions graves liées aux stupéfiants (53 cas).
Les entreprises impliquées dans ces opérations ont été indemnisées à hauteur d’environ 6,3 millions de francs pour leur participation.
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