Depuis 2022, une hausse des perturbations GPS en Baltique est observée, souvent attribuée à la Russie, posant des risques pour la sécurité aérienne.
Depuis le début du conflit en Ukraine en 2022, des pilotes survolant la région de la Baltique ont plusieurs fois signalé des perturbations des signaux GPS, souvent en désignant la Russie, en particulier autour de son enclave de Kaliningrad, comme la source probable du brouillage. Cette situation provoque des préoccupations concernant les risques pour la sécurité avec par exemple un incident où le brouillage a failli provoquer le crash d’un avion de ligne.
L’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) et Eurocontrol, une organisation de sécurité de la navigation aérienne, ont noté une hausse significative des perturbations GPS signalées, soulignant qu’elles sont devenues plus fréquentes depuis janvier 2022. Par exemple, les deux premiers mois de 2024 ont vu presque sept fois plus d’incidents signalés pendant la même période en 2023.
Malgré l’incapacité à affirmer la nature intentionnelle ou les origines exactes des perturbations, les experts de l’industrie et les porte-parole des compagnies aériennes les décrivent comme une gêne considérable, avec des impacts possibles sur les vols civils et militaires. Par exemple, un avion militaire britannique transportant le secrétaire à la Défense Grant Shapps a été victime de brouillage, et des vols commerciaux ont également été affectés, modifiant potentiellement les itinéraires réels affichés aux passagers.
Les problèmes de GPS ne sont pas limités à la région de la mer Baltique ; des problèmes similaires sont survenus près d’autres zones de conflit, comme entre Israël et le Liban. Néanmoins, les autorités aéronautiques et les pilotes affirment que, bien que les coupures de GPS augmentent la charge de travail et le risque d’erreurs, les avions modernes peuvent toujours naviguer en toute sécurité en utilisant des méthodes alternatives.
L’EASA maintient que, bien que les attaques contre le système posent certains risques, elles ne compromettent pas actuellement la sécurité des vols. Entre-temps, l’agence, ainsi que les régulateurs et l’industrie aérienne, continuent de surveiller la situation de près.
Une plus grande sensibilisation et des formations supplémentaires des pilotes et la diversification des sources de navigation sont dorénavant engagés pour que les problèmes de GPS ne deviennent une menace directe pour la sécurité des vols.
Les principes de piratage des signaux GPS
Le piratage des signaux GPS, également connu sous le nom de brouillage GPS ou spoofing GPS, est une technique par laquelle un signal GPS est interféré ou faussé. L’objectif de ces actions peut être de rendre un récepteur GPS incapable de localiser sa position ou de lui faire croire qu’il se trouve ailleurs. Voici quelques moyens par lesquels cela peut être réalisé :
Le brouillage consiste à envoyer un bruit radio ou des signaux à la même fréquence que ceux utilisés par le système GPS, avec l’intention de submerger le signal GPS véritable de sorte que le récepteur ne peut pas les décoder. Le brouillage peut se faire à l’aide de dispositifs simples qui peuvent être achetés ou fabriqués avec une facilité relative. Ces appareils émettent de puissantes interférences radio qui peuvent rendre un signal GPS inutilisable.
Le spoofing est plus sophistiqué que le brouillage car il ne se contente pas de bloquer les signaux GPS mais les imite. Dans une attaque par spoofing, un attaquant va générer un faux signal GPS qui peut être pris pour un signal légitime par le récepteur GPS. Ce faux signal peut alors être utilisé pour tromper le récepteur sur sa réelle position ou le temps. Pour réaliser une attaque par spoofing, l’attaquant doit avoir une compréhension approfondie du fonctionnement des systèmes GPS et la capacité de générer un signal crédible.
Pour lutter contre le piratage des signaux GPS, diverses contre-mesures sont en cours de développement et de déploiement. Les récepteurs GPS peuvent être équipés de la capacité de détecter les interférences et le spoofing en analysant l’intégrité du signal reçu. Des techniques telles que la cryptographie peuvent être utilisées pour authentifier les signaux et les rendre plus difficiles à imiter. Cependant, ces solutions nécessitent des mises à jour matérielles et logicielles et ne sont pas infaillibles. Un équilibre doit toujours être trouvé entre coût, performance et sécurité.