Les réseaux criminels infiltrent les entreprises légales en Europe pour blanchir des fonds, exacerbant des menaces économiques et sécuritaires, selon le dernier rapport d’Europol.
L’infiltration des structures d’entreprises légales par les réseaux criminels menace l’intégrité économique et la sécurité publique en Europe. Cette analyse s’appuie sur le rapport récent d’Europol intitulé « Leveraging Legitimacy: How the EU’s Most Threatening Criminal Networks Abuse Legal Business Structures ». Le rapport décrit les méthodes d’infiltration et d’exploitation des entreprises légales pour faciliter les activités illicites et blanchir des fonds.
L’ampleur de l’exploitation des structures légales
Près de 86 % des réseaux criminels exploitent des entreprises légales pour dissimuler ou faciliter des activités illicites et blanchir leurs produits criminels. Ils utilisent des structures comme les sociétés à responsabilité limitée, les partenariats et les associations. Ces structures offrent un cadre légitime qui complique la détection des activités illégales.
Les entreprises légales servent à blanchir de l’argent, dissimuler des flux financiers et réduire les risques pour les criminels. Ces réseaux peuvent intégrer des fonds illicites dans des opérations commerciales légitimes. Ils diversifient ainsi leurs activités tout en augmentant leur influence économique et sociale.
Europol met en avant que cette exploitation touche tous les secteurs économiques et est facilitée par la faible régulation de certaines juridictions. Cette pratique est particulièrement répandue dans les pays voisins de l’UE et dans des zones à réglementation laxiste.
Les stratégies d’infiltration et d’abus
Les réseaux criminels infiltrent les entreprises par différents moyens. Ils colludent avec des employés, infiltrent les niveaux de direction ou créent leurs propres structures. Ces stratégies leur permettent de manipuler des opérations financières et de bénéficier des services offerts par ces entreprises.
Les entreprises infiltrées sont souvent utilisées comme des outils multifonctionnels. Elles permettent de faciliter des activités comme le transport de biens illégaux ou le recrutement pour des activités criminelles. Les criminels exploitent aussi les failles des cadres réglementaires pour échapper à la détection.
Dans certains cas, les réseaux établissent des entreprises fictives qui ne réalisent aucune activité légitime. Ces entités servent uniquement à canaliser des fonds illégaux, créer des factures frauduleuses ou contourner les obligations fiscales.
Secteurs économiques ciblés
Les secteurs les plus ciblés incluent les entreprises à forte liquidité, comme l’hôtellerie et la restauration, ainsi que la logistique et la construction. Ces secteurs offrent une couverture parfaite pour des activités telles que le blanchiment d’argent et le transport de biens illégaux.
Dans la logistique, les entreprises de transport et d’import-export jouent un rôle clé. Elles sont utilisées pour déplacer des drogues, des armes ou des migrants. Parfois, ces entreprises sont infiltrées sans que leurs dirigeants soient au courant.
La construction est également un secteur vulnérable. Les criminels investissent dans des projets immobiliers pour recycler leurs profits. Ils utilisent ces projets pour masquer leurs activités illégales et consolider leur pouvoir économique.
Fraudes systématiques et transfrontalières
Les fraudes transfrontalières représentent une autre menace majeure. Les réseaux criminels exploitent des failles dans le système fiscal pour mener des fraudes à la TVA et d’autres délits similaires. Ces opérations impliquent souvent des chaînes complexes de transactions à travers plusieurs pays.
Les entités fictives jouent un rôle clé dans ces fraudes. Les criminels utilisent des entreprises enregistrées à l’étranger pour émettre des factures frauduleuses ou réclamer des remboursements de TVA indus. Europol rapporte que ces fraudes coûtent des milliards d’euros chaque année aux États membres de l’UE.
En outre, des réseaux utilisent des subventions publiques comme une opportunité pour générer des profits. Ils soumettent de faux documents pour obtenir des fonds et détournent ces subventions à des fins illégales.
L’usage des technologies numériques
Les criminels exploitent largement les technologies numériques pour renforcer leurs opérations. Ils utilisent des services cloud pour stocker des données volées ou lancer des cyberattaques. Les plateformes en ligne facilitent également des activités comme les arnaques à l’investissement et le blanchiment d’argent.
Les centres d’appel fictifs et les sites de trading frauduleux sont des outils courants. Ces structures permettent de manipuler les victimes et de collecter des fonds. Les réseaux utilisent aussi des technologies pour anonymiser leurs communications et contourner les mesures de détection.
Les cyberattaques, comme le phishing et le détournement de plateformes légales, deviennent des méthodes fréquentes. Les criminels ciblent des entreprises légitimes pour détourner leurs systèmes ou collecter des informations sensibles.
Blanchiment d’argent
Le blanchiment d’argent reste au cœur des activités criminelles. Les réseaux utilisent des entreprises légales pour mélanger leurs fonds illicites avec des flux financiers légitimes. Cela leur permet de dissimuler l’origine des fonds et de les investir dans des actifs comme l’immobilier.
Les stratégies incluent la création de sociétés fictives et l’achat de biens immobiliers. Les criminels utilisent également des factures falsifiées pour transférer des fonds à travers plusieurs juridictions. Ces méthodes compliquent la tâche des enquêteurs.
Des experts financiers et juridiques sont souvent impliqués. Leur rôle est crucial pour structurer des schémas complexes qui masquent les activités criminelles. Europol souligne que la coopération internationale est essentielle pour contrer ces pratiques.
Exemples de cas
Des entreprises de transport ont servi à importer des drogues cachées dans des chargements légaux. Dans un cas, des criminels ont utilisé des conteneurs maritimes pour dissimuler des cargaisons de cocaïne. Les réseaux ont infiltré les systèmes logistiques pour faciliter ces opérations.
Les plateformes en ligne ont été exploitées pour des fraudes à l’investissement. Des centres d’appel fictifs ont manipulé des victimes en leur promettant des rendements financiers élevés. Ces arnaques ont généré des millions d’euros de profits pour les réseaux criminels.
Enfin, des services cloud ont été utilisés pour héberger des infrastructures de cyberattaques. Les criminels ont ciblé des entreprises et des individus pour voler des données sensibles. Ces exemples illustrent l’ingéniosité et l’adaptabilité des réseaux criminels dans l’exploitation des structures légales et technologiques.
Pour en savoir plus
L’analyse d’Europol révèle comment les réseaux criminels exploitent les entreprises légales pour renforcer leur emprise sur l’économie.
Les principales conclusions du rapport d’aujourd’hui couvrent les domaines suivants : Les types d’entreprises susceptibles d’être victimes d’abus, les activités de criminalité organisée facilitées par des entreprises légales, les méthodes utilisées par les criminels pour exploiter ces structures, un élément critique de la criminalité organisée.