L’intelligence artificielle en Suisse promet innovation et compétitivité, mais pose des enjeux éthiques et réglementaires que le Conseil fédéral aborde maintenant.
Les enjeux de l’intelligence artificielle en Suisse
L’intelligence artificielle (IA) s’impose comme un moteur clé de l’innovation technologique, transformant en profondeur de nombreux secteurs, notamment la santé, les transports et la finance. En Suisse, son adoption croissante ouvre des perspectives prometteuses en matière de compétitivité économique et d’amélioration des services publics. Toutefois, ces avancées soulèvent des préoccupations majeures, notamment en matière de protection des droits fondamentaux, de transparence et de discrimination algorithmique.
Comme mentionné dans le communiqué ci-dessous, le Conseil fédéral suit de près ces évolutions et a mandaté l’Office fédéral de la communication (OFCOM) et le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) pour dresser un état des lieux sur la réglementation de l’IA. Ce rapport met en lumière les défis et les approches réglementaires envisageables, dans un contexte où la Suisse ne dispose pas encore de cadre juridique transversal spécifique à l’IA.
Ratification de la Convention du Conseil de l’Europe sur l’IA
Lors de sa séance du 12 février 2025, le Conseil fédéral a annoncé son intention de ratifier la Convention du Conseil de l’Europe sur l’intelligence artificielle. Ce texte, adopté en mai 2024, vise à établir un cadre juridique contraignant pour s’assurer que les systèmes d’IA respectent les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit.
La Suisse, ayant activement participé aux négociations, devra adapter certaines législations nationales pour garantir une mise en œuvre conforme à cette convention. Parmi les ajustements nécessaires figurent des obligations en matière de transparence algorithmique, de protection des données et de contrôle des risques associés aux systèmes d’IA. L’approche privilégiée repose sur une mise en œuvre minimale des obligations pour l’État, tandis qu’une option plus ambitieuse consisterait à imposer des exigences également aux acteurs privés.
Une approche sectorielle et progressive de la réglementation
Plutôt que d’adopter une loi unique couvrant l’ensemble de l’IA, le Conseil fédéral privilégie une approche sectorielle. Cette stratégie repose sur l’adaptation progressive des réglementations existantes en fonction des spécificités de chaque domaine d’application. Par exemple, dans le secteur de la santé, des règles spécifiques pourraient encadrer l’usage de l’IA dans les diagnostics médicaux afin de garantir la sécurité des patients et la confidentialité des données.
Trois scénarios réglementaires sont envisagés :
- Poursuite des réglementations spécifiques par secteur, sans mise en place d’un cadre légal transversal.
- Ratification et mise en œuvre minimale de la Convention sur l’IA du Conseil de l’Europe, limitant les obligations aux entités publiques.
- Alignement sur l’AI Act de l’UE, impliquant une régulation basée sur le niveau de risque des systèmes d’IA, avec des obligations contraignantes pour les fournisseurs et utilisateurs.
Chaque approche présente des implications différentes en matière de conformité, d’innovation et d’intégration avec les cadres juridiques européens.
Vers une IA responsable et encadrée
En engageant la Suisse dans la ratification de la Convention du Conseil de l’Europe et en explorant différentes options de réglementation, le Conseil fédéral affiche une volonté claire d’encadrer l’IA tout en préservant la capacité d’innovation du pays.
Les professionnels de la cybersécurité joueront un rôle clé dans cette transition en assurant la conformité et la sécurité des systèmes d’IA. Dans un contexte où ces technologies se généralisent, une réglementation adaptée permettra d’assurer un développement maîtrisé et respectueux des droits fondamentaux.
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Intelligence artificielle – État des lieux et approches réglementaires de la Suisse
L’intelligence artificielle (IA) a connu un développement fulgurant au cours des dernières années. Au plus tard depuis le lancement d’applications génératives d’IA comme ChatGPT, le thème de l’IA a également gagné le grand public. L’IA offre de grandes opportunités pour la Suisse en tant que site économique et d’innovation. Parallèlement, de nouveaux défis juridiques se posent, par exemple en ce qui concerne la transparence et la traçabilité des décisions basées sur l’IA.

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