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☕ Je soutiens DCODL’étude du modèle violence‑as‑a‑service révèle une division claire des rôles, compliquant l’identification des auteurs directs et renforçant l’efficacité du crime organisé.
En bref
- Les instigateurs financent et planifient les attaques, souvent à distance et depuis l’étranger, pour rester hors de portée des enquêtes locales.
- Les recruteurs servent d’intermédiaires en approchant les exécutants via messageries chiffrées, ce qui renforce la confidentialité et complique les investigations.
- Les exécutants, acteurs visibles de la chaîne, réalisent les violences commanditées, tandis que les instigateurs et recruteurs demeurent cachés.
- La nature internationale et fragmentée de ce système rend les poursuites judiciaires difficiles et renforce la résilience des réseaux criminels.
Le phénomène du violence‑as‑a‑service décrit par Europol met en évidence une organisation hiérarchisée qui décompose la violence en un véritable modèle économique. Cette structure complexe permet de déléguer chaque rôle, tout en rendant les acteurs difficiles à relier entre eux. Le caractère transnational du processus favorise la persistance de ces réseaux malgré les efforts policiers.
Un schéma criminel structuré en quatre rôles
Le modèle identifie quatre fonctions clés dans la chaîne. Le premier rôle est celui de l’instigateur, véritable commanditaire du crime. Il conçoit l’attaque, en définit l’objectif et fournit les financements. En opérant généralement depuis l’étranger, il se tient à distance du terrain et minimise ainsi les risques d’arrestation. Cette séparation géographique complique considérablement les enquêtes et renforce son anonymat.
Le second rôle est assuré par le recruteur. Cet acteur agit comme intermédiaire entre le commanditaire et les exécutants. Il repère, sélectionne et contacte des individus prêts à commettre des violences, souvent via des applications de messagerie chiffrée. Ce recours à des canaux sécurisés assure la confidentialité des échanges et réduit les traces exploitables par les enquêteurs.
Vient ensuite le rôle de l’exécutant. Cet individu est chargé de matérialiser l’attaque, en suivant les instructions reçues. Souvent peu impliqué dans la conception ou la planification, il apparaît comme la face visible du crime. C’est lui qui porte le risque d’arrestation et de sanction, tandis que les véritables organisateurs restent protégés.
Enfin, les facilitateurs complètent la chaîne en fournissant les moyens logistiques, financiers ou techniques nécessaires. Ils peuvent par exemple assurer l’approvisionnement en armes, le blanchiment de l’argent ou la création de faux documents. Ce rôle, bien qu’invisible, est essentiel à la réussite des opérations.
Une menace transnationale difficile à contrer
Le fonctionnement du violence‑as‑a‑service dépasse largement les frontières nationales. Les instigateurs se trouvent fréquemment dans un pays différent de celui où se déroule l’attaque. Les recruteurs et facilitateurs peuvent eux-mêmes être dispersés dans plusieurs juridictions. Cette dispersion géographique complique la coopération policière et judiciaire, car chaque pays applique ses propres procédures et législations.
Les messageries chiffrées renforcent encore cette difficulté en protégeant les communications contre toute interception. Les enquêteurs peinent à obtenir des preuves exploitables, même lorsqu’ils identifient certains maillons de la chaîne. Cette architecture fragmentée permet aux réseaux criminels de se recomposer rapidement, même après des arrestations ciblées.
L’efficacité du modèle tient également à sa capacité à isoler les différents acteurs. Les exécutants connaissent rarement l’identité des instigateurs, ce qui empêche de remonter facilement la filière. Les facilitateurs, quant à eux, travaillent souvent de manière cloisonnée et peuvent être remplacés sans fragiliser l’ensemble du dispositif.
Un modèle en expansion et aux implications multiples
L’émergence du violence‑as‑a‑service illustre une tendance plus large du crime organisé : la transformation des activités criminelles en services spécialisés. Tout comme le cybercrime‑as‑a‑service, ce modèle repose sur la division des rôles et la sous‑traitance de compétences précises. Cette approche accroît l’efficacité opérationnelle et réduit l’exposition des commanditaires.
Les conséquences pour les autorités sont considérables. Les forces de l’ordre doivent désormais traiter avec des réseaux qui ne se limitent pas à une zone géographique, mais qui exploitent les failles de coordination internationale. De plus, le recours aux technologies numériques rend ces activités encore plus difficiles à détecter et à perturber.
Le risque est que ce modèle inspire de nouvelles formes de criminalité hybride, où la violence se combine à d’autres services illégaux. La flexibilité du système laisse entrevoir une adaptation rapide aux mesures répressives, rendant indispensable une coopération renforcée entre États et une innovation constante dans les outils d’investigation.
En conclusion, le violence‑as‑a‑service représente une évolution marquante du crime organisé moderne. En segmentant les rôles et en exploitant les technologies numériques, ce modèle permet de protéger les véritables instigateurs et de rendre les enquêtes particulièrement complexes. Face à cette menace, seule une réponse coordonnée et transfrontalière peut espérer limiter son expansion.
Pour en savoir plus
Groupe de travail opérationnel GRIMM – Lutte contre la violence en tant que service et le recrutement de jeunes délinquants dans la criminalité grave et organisée. | Europol
Cible : Violence en tant que serviceCoordination : Centre européen de lutte contre la criminalité grave et organisée (ESOCC).
Partenaires : Belgique, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Islande, Pays-Bas, Norvège et Suède.
La violence en tant que service (VaaS) fait référence à l’externalisation d’actes violents à des prestataires de services criminels, impliquant souvent le recours à de jeunes auteurs pour commettre des menaces, des agressions ou des meurtres contre rémunération.Les jeunes sont…
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