L’arrêt du support Windows 10 accélère l’obsolescence et menace l’environnement. Des millions de PC jetés malgré leur bon fonctionnement.
Microsoft tourne la page de Windows 10. Après près de dix ans de service, le système d’exploitation ne recevra plus de mises à jour gratuites. Une décision lourde de conséquences pour des millions d’utilisateurs, particuliers comme entreprises, contraints de choisir entre prolonger la durée de vie de leurs appareils ou accélérer leur renouvellement.
En bref
- Windows 10 n’a plus droit aux correctifs gratuits. Les particuliers peuvent bénéficier d’un programme d’« Extended Security Updates » d’un an, tandis que les entreprises peuvent acheter jusqu’à trois ans de support prolongé.
- Près de 40 % des utilisateurs de Windows dans le monde continuent d’utiliser Windows 10. Beaucoup ne peuvent tout simplement pas migrer vers Windows 11, faute de matériel compatible.
- L’arrêt du support accroît le risque de cyberattaques et met en jeu la conformité réglementaire de nombreuses organisations. Chaque structure doit désormais planifier sa sortie avec soin.
- La fin de vie de Windows 10 pourrait générer une montagne de déchets électroniques : jusqu’à 400 millions d’appareils risquent de finir prématurément au rebut.
L’annonce de Microsoft marque la fin d’une époque. Windows 10, lancé en 2015, s’est imposé comme l’un des systèmes les plus populaires de la marque. Pourtant, depuis octobre, la firme de Redmond a mis un terme à son support gratuit : plus de mises à jour de sécurité, plus d’assistance technique. Un choix que certains jugent logique après une décennie d’évolution, mais qui laisse de nombreux utilisateurs dans l’incertitude.
Un délicat équilibre entre sécurité et accessibilité
Selon The Verge, Microsoft propose une solution de transition : un programme d’Extended Security Updates (ESU) d’un an offert aux particuliers, et jusqu’à trois ans pour les entreprises. Mais cette mesure ne fait que repousser l’échéance. Au-delà, les postes non migrés deviendront vulnérables aux failles non corrigées.
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☕ Je soutiens DCODPour les organisations, le dilemme est concret. D’un côté, continuer à exploiter Windows 10 revient à accepter un risque accru d’exploitation de vulnérabilités. De l’autre, migrer vers Windows 11 suppose de disposer d’un matériel compatible et d’un budget conséquent. Les exigences matérielles — comme la présence d’un module TPM ou de processeurs récents — excluent une large partie des PC encore en usage. Résultat : de nombreuses entreprises prolongent la vie de leurs postes en les isolant sur le réseau ou en les plaçant sous ESU.
Qu’est-ce qu’un module TPM ?
Le TPM (Trusted Platform Module) est une puce de sécurité intégrée à la carte mère ou ajoutée sous forme de module. Elle stocke de manière sécurisée des clés cryptographiques, des certificats et d’autres informations sensibles liées à l’intégrité du système.
Son rôle principal est de garantir que le démarrage de l’ordinateur et les opérations critiques ne sont pas altérés. Il vérifie que le système n’a pas été compromis avant le chargement de Windows. Cette approche dite de démarrage mesuré empêche l’exécution de code malveillant avant l’activation des mécanismes de sécurité.
Le TPM sert aussi à chiffrer les disques avec BitLocker, à protéger les identités d’entreprise et à renforcer l’authentification. Microsoft l’impose depuis Windows 11 (version 2.0 minimum), ce qui explique pourquoi de nombreux ordinateurs, dépourvus de cette puce, ne peuvent pas être mis à jour vers le nouveau système.
En résumé, le TPM agit comme un coffre-fort matériel : il renforce la confiance dans l’intégrité du poste de travail, mais crée aussi une barrière technique pour les machines plus anciennes, désormais exclues du cycle de support officiel.
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Pour les particuliers, la situation n’est guère plus simple. Beaucoup d’ordinateurs, encore parfaitement fonctionnels, ne peuvent pas accueillir Windows 11. Certains utilisateurs préfèrent donc rester sous Windows 10, quitte à renforcer leur cybersécurité manuellement : antivirus, mises à jour logicielles tierces, ou passage à des systèmes alternatifs comme Linux. Mais la question de la durée de vie de ces machines reste entière.
Un impact écologique majeur et des enjeux bien au-delà de la cybersécurité
La fin de Windows 10 n’est pas qu’une question technique. C’est aussi une affaire environnementale et économique. D’après 404 Media, jusqu’à 400 millions d’appareils pourraient être mis au rebut. Un volume colossal de déchets électroniques, alors même que la production d’un ordinateur neuf représente des dizaines de kilos de CO₂ et plusieurs centaines de composants rares.
Ce scénario illustre les limites du modèle actuel, où la durée de support détermine la longévité matérielle. Certaines organisations publiques et entreprises privées, soucieuses de durabilité, envisagent déjà d’autres voies : prolonger la durée de vie des appareils grâce à la virtualisation, recourir à des postes légers, ou encore migrer vers des systèmes open source mieux adaptés à du matériel plus ancien. Le débat dépasse Microsoft : il questionne la responsabilité partagée entre constructeurs, éditeurs et utilisateurs.
Dans les services IT, cette transition impose aussi une nouvelle gymnastique budgétaire. L’achat massif de matériel neuf pèse sur les investissements, tout comme les licences, les migrations applicatives et la formation des utilisateurs. Dans ce contexte, chaque organisation cherche un équilibre entre sécurité, performance et sobriété numérique.
L’héritage d’un système toujours aimé
Windows 10 restera pour beaucoup une version de référence. Il avait corrigé les erreurs de Windows 8, réconcilié interface tactile et poste de travail classique, et marqué une stabilité saluée. Même au moment de tourner la page, nombreux sont ceux qui continuent à lui faire confiance. La résistance des utilisateurs n’est pas une nostalgie : elle traduit une préférence pour un environnement familier, fonctionnel et suffisamment sécurisé.
L’avenir, lui, se dessine déjà autour de Windows 11 et d’un futur Windows 12. Microsoft y mise sur l’intelligence artificielle avec Copilot, sur des processeurs dédiés (NPU) et sur une intégration poussée du cloud. Mais ces promesses technologiques suscitent encore des doutes, notamment sur la confidentialité et l’utilité réelle des fonctions proposées. Pour beaucoup, la transition ne se fera que lorsqu’elle deviendra incontournable.
La fin du support de Windows 10 rappelle que la cybersécurité, la durabilité et l’économie circulaire sont désormais indissociables. Reste à savoir si l’industrie saura tirer les leçons de ce cycle, et proposer des modèles où la sécurité ne se paie pas au prix du gaspillage.
Pour en savoir plus
Fin du support de Windows 10, Windows 8.1 et Windows 7 | Microsoft Windows
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