La cybersécurité évolue vers une approche dynamique avec des tests d’intrusion continus pour renforcer la résilience contre les cybermenaces sophistiquées.
Sécurité offensive continue : une nouvelle ère pour les tests d’intrusion
La cybersécurité évolue à un rythme effréné, et les tests d’intrusion, outils essentiels d’évaluation des failles, doivent s’adapter à ces nouvelles dynamiques. Les entreprises, confrontées à des cybermenaces de plus en plus sophistiquées et constantes, ne peuvent plus se contenter d’approches ponctuelles pour évaluer leur posture de sécurité. C’est dans ce contexte que la notion de sécurité offensive continue prend tout son sens, intégrant des stratégies plus dynamiques et réactives pour anticiper les attaques.
Les tests d’intrusion ne se limitent plus à des vérifications périodiques. Ils deviennent des processus intégrés et continus, exploitant les données en temps réel et les outils de surveillance avancés pour traquer les failles dès leur apparition. Cette transformation permet aux organisations de renforcer leur résilience face aux menaces et de mieux aligner leurs stratégies de défense aux réalités du cyberespace.
L’évolution du pentest vers une sécurité offensive continue
Les tests d’intrusion (pentests) sont des évaluations de sécurité réalisées pour identifier et exploiter les vulnérabilités présentes dans les systèmes d’information d’une organisation. Leur objectif est de simuler des attaques réelles afin de mesurer la résilience des infrastructures face aux menaces potentielles. Il existe plusieurs types de pentests, chacun adapté à des besoins spécifiques :
- Pentest en boîte noire (Black Box) : Le testeur n’a aucune connaissance préalable du système ciblé, imitant les conditions d’une attaque externe.
- Pentest en boîte blanche (White Box) : Le testeur dispose d’un accès complet aux informations internes (code source, architecture réseau) pour réaliser une analyse approfondie.
- Pentest en boîte grise (Gray Box) : Le testeur possède un accès limité aux informations, reflétant le scénario d’un utilisateur interne malveillant ou d’un attaquant disposant d’un certain niveau d’accès.
Ces tests permettent de détecter les failles de sécurité, d’évaluer les risques et de renforcer la posture de sécurité des organisations. Ils connaissent aujourd’hui une profonde transformation pour s’adapter aux nouvelles menaces et aux exigences croissantes des entreprises modernes.
Les limites du pentest traditionnel
Historiquement et comme le rappel le SANS Institute dans son article référencé ci-dessous, les tests d’intrusion ont servi à évaluer la vulnérabilité des entreprises face aux cyberattaques. Toutefois, ces approches ponctuelles révèlent des limites notables.
Les organisations peinent notamment à définir des périmètres de test exhaustifs, souvent en excluant des systèmes non répertoriés ou obsolètes, prisés des attaquants. De plus, la fréquence annuelle de ces tests laisse des périodes prolongées sans évaluation, créant des failles potentielles. Cette approche réactive ne correspond plus à l’agilité des entreprises modernes.
Problématique du périmètre
Une des faiblesses majeures réside dans la définition du périmètre des pentests. Les attaquants ne respectent pas les limites établies et exploitent toutes les vulnérabilités accessibles, qu’il s’agisse d’un serveur DNS oublié ou d’un compte utilisateur négligé. Cette divergence entre les pentests traditionnels et les menaces réelles souligne la nécessité d’une approche plus dynamique, centrée sur une compréhension continue de la surface d’attaque.
Vers une cartographie numérique continue
Pour pallier ces failles, l’adoption d’une cartographie numérique ou « Digital Footprint » s’impose. Cette méthodologie consiste à identifier l’ensemble des actifs exposés sur Internet, y compris les serveurs, les applications web, les bases de données, les sous-domaines, ainsi que les composants tiers pouvant représenter des points d’entrée pour les attaquants. Elle permet également de révéler les systèmes non répertoriés, souvent appelés « shadow IT », qui échappent aux politiques de sécurité officielles mais restent accessibles et donc vulnérables.
En procédant à une analyse approfondie de la surface d’attaque externe, les organisations peuvent évaluer la sécurité globale de leurs environnements numériques. Cette cartographie met en lumière les failles potentielles et les mauvaises pratiques de configuration, tout en identifiant les informations sensibles qui pourraient être exploitées par des cybercriminels.
En obtenant cette visibilité étendue sur ce que les attaquants pourraient découvrir, les organisations peuvent détecter en amont les zones à haut risque, hiérarchiser les vulnérabilités à traiter et renforcer la collaboration entre les équipes de sécurité et les parties prenantes. Cette approche proactive favorise une gestion plus efficace des risques et permet de réduire considérablement la surface d’attaque exploitable.

L’essor du SOC offensif
L’évolution des pentests s’oriente désormais vers une approche continue, avec un effort soutenu tout au long de l’année. Les testeurs doivent suivre l’impact des nouvelles techniques d’attaque et des renseignements sur les menaces (CTI) sur la surface d’attaque existante, tout en identifiant les vulnérabilités émergentes. Cette surveillance permanente permet d’accroître la résilience des organisations face aux menaces évolutives.
Gestion continue de la surface d’attaque
La gestion continue de la surface d’attaque (ASM) est une extension de la cartographie numérique ponctuelle vers un processus de reconnaissance et de surveillance en continu. La surface d’attaque désigne l’ensemble des points d’entrée potentiels par lesquels un attaquant pourrait accéder aux systèmes d’information d’une organisation. Cela inclut les actifs visibles sur Internet tels que les serveurs web, les applications, les bases de données, les adresses IP publiques, les API, ainsi que les services cloud, les réseaux partenaires et même les informations sensibles divulguées sur les réseaux sociaux.
Une surface d’attaque étendue ou mal gérée augmente le risque d’exploitation par des cybercriminels. La gestion continue permet ainsi aux organisations de surveiller en permanence les évolutions de leur environnement numérique, de détecter rapidement l’apparition de nouveaux services, domaines ou vulnérabilités, et de limiter les opportunités d’exploitation. Cette approche proactive permet de minimiser les angles morts et d’optimiser la sécurité globale en s’adaptant aux changements constants du paysage numérique.
De la réactivité à la proactivité
En intégrant les données issues de l’ASM dans un système de gestion des informations et des événements de sécurité (SIEM), les entreprises peuvent générer des alertes pertinentes sur les changements observés. Un SIEM est une plateforme centralisée qui collecte, analyse et corrèle les journaux et événements provenant de divers systèmes et dispositifs de sécurité. Son rôle principal est de détecter les comportements anormaux, les tentatives d’intrusion et les incidents de sécurité, tout en facilitant la réponse aux menaces.
Le SIEM permet d’automatiser la détection des vulnérabilités émergentes identifiées par l’ASM et d’émettre des alertes en temps réel aux équipes concernées. Cette intégration améliore la visibilité globale sur la posture de sécurité et réduit le temps de détection et de réaction face aux incidents.
Les avantages majeurs de cette synergie entre ASM et SIEM incluent une surveillance continue de la surface d’attaque, la priorisation des menaces en fonction de leur criticité, et la possibilité d’orchestrer des réponses automatisées pour contenir rapidement les incidents. Cette approche proactive transforme le SOC traditionnel en un Centre d’Opérations de Sécurité Offensif (Offensive SOC), renforçant la collaboration entre les équipes offensives et défensives et favorisant une amélioration continue de la posture de sécurité.
Red teaming et SOC offensif des approches complémentaires
Les exercices de Red Teaming sont des simulations d’attaques sophistiquées visant à évaluer la résilience d’une organisation face à des menaces réelles. Réalisés par des experts en cybersécurité, ces tests reproduisent les méthodes et techniques utilisées par de véritables cybercriminels, dans le but de déceler les vulnérabilités critiques et d’identifier les failles dans les mécanismes de détection et de réponse aux incidents. Le Red Teaming privilégie la discrétion et la furtivité pour imiter au plus près le comportement d’attaquants malveillants, souvent sans que les équipes de sécurité (Blue Team) en soient informées.
Cette approche permet d’évaluer non seulement les défenses technologiques, mais aussi la réactivité des équipes et la robustesse des processus internes face à des scénarios d’attaques complexes. Contrairement au SOC offensif, qui opère de manière continue et transparente pour fournir des alertes en temps réel, le Red Teaming se concentre sur des engagements ponctuels et ciblés. Ces exercices révèlent les angles morts des systèmes de sécurité et permettent d’améliorer la capacité de détection et de réaction face aux attaques avancées.
Objectifs et priorités distincts mais vers un modèle unifié
L’objectif principal du Red Teaming est de tester la capacité d’une organisation à détecter et répondre à une attaque ciblée, souvent en visant des actifs stratégiques. Le SOC offensif, en revanche, se concentre sur la réduction du temps moyen de correction des vulnérabilités, en assurant une identification et une remédiation rapides des failles avant qu’elles ne soient exploitées.
La convergence des SOC offensif et défensif pourrait aboutir à un « Super SOC », capable d’intégrer à la fois des capacités de détection, de réponse et de test d’intrusion. Ce modèle hybride permettrait une approche plus globale et réactive face aux cybermenaces. Le passage à des tests d’intrusion continus, associés à une gestion proactive de la surface d’attaque, marque une évolution nécessaire pour faire face à la complexité croissante des menaces actuelles.
Pour en savoir plus
Tests de pénétration continus et essor du SOC offensif
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