Données médicales en danger ? Découvrez les 11 recommandations de la FMH pour une cybersécurité optimale en cabinet.
Cybersécurité en cabinet médical : prêt face aux cybermenaces ?
Les cabinets médicaux manipulent quotidiennement des données personnelles sensibles, dont la compromission pourrait avoir de lourdes conséquences pour les patients et les professionnels de santé. Dans un monde où les cyberattaques se multiplient et où la transformation numérique expose davantage ces structures aux menaces informatiques, il devient impératif d’adopter une gestion proactive des risques.
Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la protection des données (LPD) en septembre 2023 en Suisse, les obligations en matière de cybersécurité ne se limitent plus à une simple bonne pratique : elles constituent un impératif légal. Protéger les infrastructures informatiques et les données de santé est essentiel pour garantir la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des informations médicales.
Alors, comment sécuriser efficacement les systèmes d’information tout en profitant des avantages de la digitalisation ?

Des risques bien réels au quotidien
Les cabinets médicaux sont des cibles de choix pour les cybercriminels en raison des données personnelles sensibles qu’ils traitent : dossiers médicaux, antécédents, prescriptions ou encore données de facturation. Une brèche informatique ne compromet pas seulement des fichiers numériques, elle met en péril la confiance des patients et la continuité des soins.
Les cybermenaces sont variées : ransomwares chiffrant les données et exigeant une rançon, hameçonnage visant à tromper les employés pour voler des identifiants, ou encore accès non autorisés aux dossiers médicaux par des attaquants cherchant à monétiser ces informations.
Les impacts sont considérables : violation de la vie privée des patients, paralysie des opérations du cabinet, sanctions légales et financières, sans oublier la perte de réputation. Il devient donc crucial d’adopter une approche proactive pour sécuriser l’ensemble de l’infrastructure informatique et garantir un cadre de travail sécurisé.
Face aux défis croissants liés à la cybersécurité, la Fédération des médecins suisses (FMH) a défini ces 11 recommandations comme un standard minimum à suivre pour garantir la protection des données sensibles et assurer une sécurité optimale dans les cabinets médicaux.
1. Définir les responsabilités et fixer les directives informatiques (TIC)
Attribuer clairement les rôles clés en sécurité informatique, notamment celui de responsable de la protection des données (R-PSD) et de responsable informatique. Établir des directives précises sur l’utilisation des ressources informatiques, la gestion des accès, et les procédures en cas d’incidents.
2. Dresser l’inventaire des ressources informatiques
Créer et tenir à jour un inventaire détaillé de tous les équipements et logiciels du cabinet afin de mieux gérer les ressources, faciliter la maintenance et réagir efficacement aux incidents.
3. Restreindre les droits d’accès et gérer les utilisateurs
Limiter les droits d’accès aux seules personnes et aux seuls accès nécessaires selon leurs fonctions (principe du « Need-to-Know »). Mettre en place une gestion stricte des comptes utilisateurs avec des mots de passe sécurisés et une authentification forte à deux facteurs.
4. Sensibiliser les collaborateurs à la protection des données
Éduquer régulièrement les membres du personnel par des formations et sensibilisations aux bonnes pratiques de sécurité, comme la gestion prudente des mots de passe et la reconnaissance des tentatives d’ingénierie sociale.
5. Protéger les appareils contre les logiciels malveillants
Installer et maintenir à jour des solutions antivirus performantes sur tous les appareils utilisés. Veiller à effectuer régulièrement des scans et appliquer rapidement les mises à jour de sécurité.
6. Protéger le réseau
Utiliser des pare-feux robustes, sécuriser les connexions WiFi avec des mots de passe solides, et régulièrement contrôler et adapter les règles de sécurité du réseau afin d’empêcher toute intrusion.
7. Configurer et entretenir l’infrastructure informatique
Mettre en œuvre des configurations sécurisées des systèmes informatiques et des composants réseau (durcissement informatique), effectuer régulièrement des mises à jour et surveiller l’activité des systèmes afin de détecter rapidement toute anomalie.
8. Assurer des sauvegardes fiables
Effectuer des sauvegardes régulières et sécurisées des données essentielles. S’assurer qu’elles sont stockées à l’extérieur du cabinet et tester régulièrement leur restauration pour garantir leur efficacité en cas de besoin.
9. Assurer la sécurité des données échangées
Chiffrer systématiquement les échanges de données sensibles, en particulier par email, pour éviter les interceptions non autorisées. Réduire au strict minimum l’utilisation de canaux non sécurisés.
10. Définir une procédure de gestion des incidents de sécurité
Élaborer et communiquer clairement une procédure d’intervention rapide en cas d’incident de sécurité. Désigner une personne ou un service dédié à la gestion des incidents pour minimiser leur impact.
11. Mandater des prestataires externes et superviser leur travail
Choisir soigneusement les prestataires externes chargés de l’informatique. Vérifier régulièrement leur conformité aux directives de sécurité définies par le cabinet via des contrôles et rapports périodiques.
Pour en savoir plus
Exigences minimales pour la sécurité informatique des cabinets médicaux
Chaque cabinet médical est chargé de garantir la protection et la sécurité des données qu’il traite. Dans la loi sur la protection des données, le législateur qualifie les données médicales de données personnelles sensibles ce qui exige la mise sur pied d’un nombre important de mesures pour une protection adéquate de ces données. La mise en place, l’entretien et la maintenance d’une infrastructure informatique sécurisée mais aussi l’élaboration de normes de sécurité et la sensibilisation du personnel à une culture de la sécurité sont des tâches importantes qui exigent des ressources humaines et financières.

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