La déclassification des archives JFK a causé une fuite de données sensibles, exposant des numéros de sécurité sociale et informations personnelles.
Une déclassification historique entachée d’une fuite de données sensibles
60 000 pages. C’est l’ampleur impressionnante de la dernière publication des archives liées à l’assassinat de John F. Kennedy, sur directive de Donald Trump, le 17 mars 2025. Une ouverture attendue, nourrissant l’espoir d’élucider un mystère qui fascine depuis plus de six décennies. Mais une conséquence inattendue s’est immiscée dans cet acte de transparence : la divulgation accidentelle de centaines de numéros de sécurité sociale et de données personnelles.
Selon une analyse publiée par Malwarebytes, ce sont plus de 400 SSNs qui ont ainsi fuité, appartenant pour la plupart à d’anciens collaborateurs du Congrès. Certains de ces noms figurent même dans des documents liés à des opérations secrètes de la CIA, bien que leur lien direct avec l’assassinat de JFK reste flou. L’article souligne que ce type de divulgation, même involontaire, constitue une brèche sérieuse dans la gestion des informations sensibles.
Un dérapage opérationnel aux conséquences bien réelles
Parmi les dossiers rendus publics, environ 400 numéros de sécurité sociale (SSN) et d’autres informations sensibles ont été repérés. Et selon une enquête du Washington Post, ce ne sont pas moins de 3 500 occurrences de SSNs qui apparaissent dans l’ensemble des documents, certaines étant répétées des dizaines de fois.
Les personnes concernées ? D’anciens collaborateurs du Congrès américain, dont des membres des comités d’enquête sur les agissements des agences de renseignement (Church Committee, House Select Committee on Assassinations). Plusieurs ont depuis occupé des postes stratégiques : secrétaire d’État adjoint, ambassadeur, cadres du renseignement, figures du monde juridique…
Déclassification précipitée, sécurité négligée
Pourquoi une telle erreur ? Le processus semble avoir été mené dans l’urgence. Plusieurs documents n’avaient jamais été numérisés, et d’anciens contenus expurgés ont été réintégrés sans vérification suffisante. Résultat : des noms, des numéros confidentiels, et des informations personnelles sensibles se retrouvent dans la nature.
Selon un ancien avocat de la campagne Trump, Joseph diGenova, la procédure relève d’une « négligence extrême ». Il parle de « violation de données », rappelant que les SSNs sont des clés d’accès à l’identité, aux comptes financiers, aux données médicales… Dans le cas de figures publiques, cela ouvre la voie à des risques accrus notamment d’usurpation d’identités.
Transparence ne doit pas rimer avec imprudence
Après la révélation de la fuite, les Archives nationales ont lancé un processus de criblage des documents pour repérer les numéros de sécurité sociale. La Sécurité sociale a été mobilisée pour attribuer de nouveaux numéros aux personnes encore en vie. Les victimes se verraient aussi proposer une surveillance de crédit gratuite.
Publier massivement des documents sans procédure stricte de détection des données personnelles est un risque élevé comme le montre ce cas. Cela pose la question de la capacité des institutions à concilier transparence démocratique et protection des données.
La réflexion doit aussi porter sur les outils. Il existe aujourd’hui des solutions de DLP (Data Loss Prevention) et de détection automatique de PII (informations personnelles identifiables) performantes, y compris dans des ensembles de données massifs. Pourquoi ne pas les avoir utilisées ?
Cet épisode, aussi paradoxal que marquant, montre que la publication d’archives historiques peut dégénérer en véritable incident de cybersécurité. Il illustre le besoin impératif d’une approche intégrée entre archivage, protection des données et respect des règles de confidentialité.
Pour en savoir plus
Des données personnelles révélées dans les dossiers JFK publiés
Plus de 60 000 pages relatives à l’assassinat du président américain John F. Kennedy en 1963 ont été publiées dans le cadre de la directive du président Donald Trump du 17 mars 2025, et bien que les lecteurs ne trouveront pas de réponse concluante à la question principale, ni…

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