Les campagnes hacktivistes de 2025 se structurent aujourd’hui autour de hashtags qui coordonnent, revendiquent et amplifient les opérations ciblant des organisations dans le monde.
En bref
- Les groupes hacktivistes étudiés publient massivement sur des canaux publics, montrant que la préparation et la mobilisation se déroulent rarement dans l’ombre.
- Les hashtags servent à synchroniser les actions, à afficher des positions politiques ou à revendiquer des attaques, formant un langage commun entre groupes alliés.
- La majorité des incidents signalés sont des attaques DDoS, privilégiées pour leur facilité de mise en œuvre et leur forte visibilité médiatique.
- Les campagnes ne se limitent pas à la zone MENA : les cibles incluent l’Europe, les Amériques et l’Asie, confirmant une logique d’impact global.
Une étude de Kaspersky analysant plus de 11 000 publications émanant d’une centaine de groupes met en évidence une réalité souvent sous-estimée : les campagnes hacktivistes contemporaines sont moins centrées sur la sophistication technique que sur la capacité à créer du volume, de la visibilité et des effets d’annonce. Les opérations sont donc pensées pour être vues, relayées et commentées par des audiences élargies, ce qui déplace le terrain d’observation depuis les réseaux clandestins vers des espaces ouverts.
Hashtags comme infrastructure de coordination
Dans les publications recensées, les hashtags fonctionnent comme une infrastructure informationnelle centralisant identité, mobilisation et revendication. Ils permettent aux groupes d’indiquer leur appartenance, d’afficher leurs alliances, de signaler des objectifs ou d’annoncer un passage à l’action. Leur usage constant montre qu’ils constituent un élément clé de la scénographie de l’attaque : ils sont visibles, mémorisables et immédiatement diffusables.
Plus de 2 000 hashtags distincts ont été identifiés au cours de l’analyse, dont une part importante utilisée pour la première fois en 2025. Cette dynamique reflète un écosystème en évolution rapide où les mots-clés servent autant de repères temporels que de relais de mobilisation. La durée de vie moyenne d’un hashtag se limite à deux mois, ce qui traduit des actions ponctuelles, réactives et souvent liées à des événements géopolitiques. Toutefois, certains hashtags persistent dans la durée lorsqu’ils sont partagés par plusieurs groupes, indiquant des alliances durables ou des campagnes coordonnées.
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☕ Je soutiens DCODL’utilisation de hashtags réduit également les barrières à l’entrée pour les participants occasionnels. Un utilisateur n’a pas besoin de compétences techniques avancées pour rejoindre une campagne : il suffit de reprendre un slogan, un mot-clé ou une revendication. Cela favorise un effet de masse qui renforce l’impact psychologique et médiatique des opérations.
Telegram comme centre opérationnel et portée globale
Contrairement à l’idée que la planification hacktiviste se déroule majoritairement dans des espaces cachés, l’analyse souligne l’importance des plateformes publiques. Telegram occupe une place centrale dans ces échanges, concentre les appels à l’action et sert de lieu de coordination. X (ex-Twitter) agit comme relais secondaire, amplifiant les communications initiales.
Cette organisation ouverte offre aux observateurs un angle d’analyse direct : la veille proactive sur Telegram devient une source d’alerte précoce. Selon le rapport présenté sur Securelist, les menaces publiées en ligne correspondent généralement à des actions imminentes, souvent dans la même semaine. Le signalement public précède donc rarement de longues périodes de préparation.
Les campagnes étudiées se déploient au-delà des zones de conflit initialement visées. Bien que l’analyse se concentre sur les groupes opérant dans la région MENA, les cibles identifiées incluent l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud et plusieurs pays asiatiques. L’objectif premier est la visibilité internationale, non l’impact localisé. Cette volonté d’être vus sur un espace global rappelle que l’effet recherché est autant médiatique que technique.
Les attaques DDoS sont dominantes dans ces campagnes : elles représentent plus de la moitié des incidents revendiqués. Leur attrait réside dans leur faible niveau d’expertise requis et dans leur capacité à affecter la disponibilité des services, symbolisant une perturbation facilement perceptible.
Implications pratiques pour les organisations
Pour les organisations exposées, la principale difficulté réside dans la capacité à distinguer le bruit des signaux actionnables. La volatilité des hashtags et la circulation rapide des messages créent une impression de menace permanente, alors que toutes les campagnes annoncées ne conduisent pas à des attaques directes.
L’observation des pics d’activité verbale sur les canaux publics se révèle toutefois utile pour anticiper des actions proches. La veille doit donc être structurée autour de la détection régulière des termes associés aux campagnes émergentes. Une attention particulière portée aux annonces d’alliances, aux revendications et aux nouveaux slogans permet d’identifier les priorités de groupes ou coalitions.
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