L’Ukraine accuse Signal d’inaction face aux cybermenaces russes, tandis que Signal dément toute collaboration avec le gouvernement ukrainien (et les autres).
Dans un contexte de guerre hybride entre la Russie et l’Ukraine, où le cyberespace joue un rôle central, les autorités ukrainiennes reprochent à Signal son manque de coopération face aux cyberattaques russes. Une accusation qui pose aussi la question du rôle des plateformes technologiques dans les conflits modernes et des difficultés à démêler le vrai du faux dans un contexte de désinformation massive.
L’Ukraine dénonce l’inaction de Signal
Serhii Demediuk, secrétaire adjoint du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine, a déclaré que Signal ne répondait plus aux sollicitations des forces de l’ordre ukrainiennes concernant les cybermenaces liées à la Russie. Selon lui, cette inaction permet à Moscou d’exploiter la plateforme pour des activités d’espionnage et de déstabilisation.
Un rapport de Recorded Future rappelle que des groupes de cybercriminels financés par Moscou utilisent Signal pour des campagnes de phishing et des prises de contrôle de comptes. Ces cyberattaques permettraient au Kremlin de collecter des données stratégiques et d’influencer l’issue du conflit.
Signal réagit et dément toute collaboration précédente
Face à ces accusations, Meredith Whittaker, présidente de la fondation Signal, a réagi sur Bluesky en qualifiant ces informations de « fausses » et « étranges » :
This is weird misinfo. We never officially worked w Ukraine, or any gov, and we never stopped. Not sure where this came from.
— Meredith Whittaker (@meredithmeredith.bsky.social) 13 March 2025 at 14:03
Elle souligne que Signal n’a jamais collaboré officiellement avec l’Ukraine ni avec aucun gouvernement, et qu’aucun changement dans leur posture n’a eu lieu.
Il s’agit là d’une étrange information erronée. Nous n’avons jamais travaillé officiellement avec l’Ukraine, ni avec aucun gouvernement, et nous n’avons jamais cessé de le faire. Je ne sais pas trop d’où vient cette information.
Meredith Whittaker, la présidente de Signal à propos de cette information
Guerre hybride et neutralité des plateformes
Ce débat s’inscrit dans un contexte plus large de guerre hybride, où la frontière entre attaques physiques et cyberattaques est de plus en plus floue. Si certaines entreprises technologiques, comme Microsoft ou Starlink, soutiennent activement l’Ukraine, Signal adopte une posture différente, invoquant son engagement en faveur de la confidentialité et de la protection des données.
Cette position suscite des critiques. D’un côté, Kiev estime que cette neutralité profite aux cybercriminels russes. De l’autre, certains défendent le fait que Signal doit rester fidèle à ses principes fondamentaux et éviter toute implication dans les conflits.
Une information difficile à vérifier dans un contexte de désinformation
Le cas Signal illustre la difficulté d’obtenir des informations fiables dans un conflit où la désinformation est une arme stratégique. Les accusations ukrainiennes s’appuient sur des enjeux de cybersécurité bien réels, tandis que la réponse de Signal met en avant l’absence de toute relation précédente avec l’Ukraine. Entre protection des utilisateurs et responsabilité face aux menaces, la ligne à suivre est de plus en plus difficile à tracer.
L’échange entre l’Ukraine et Signal souligne un enjeu plus large : dans un monde hyperconnecté, les plateformes technologiques sont au cœur des conflits, qu’elles le veuillent ou non. Mais comment faire la part des choses entre accusation, perception et réalité opérationnelle, surtout quand la guerre de l’information bat son plein ?
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